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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 22:13
Notre prochaine réunion biblique aura lieu le Jeudi 16 mai à 17 h 30.
  Ci-dessous les textes proposés par le Père Bony - Le Père Daniel en fera une synthèse (les copies seront disponibles à la Paroisse).

 

7èmeRENCONTRE

 

DEUXIÈME PARTIE DU LIVRE D’ISAÏE (40-55)

LE PROPHÈTE DE LA CONSOLATION D’ISRAËL

 

« Que mon salut soit présent jusqu'à l'extrémité de la terre. »

Es. 49-6

 

LES CHANTS DU SERVITEUR : INTRODUCTION

 

1. Le tournant de l'Exil et de la fin de l'Exil

Le peuple de Dieu a vécu une véritable tragédie au 6ème siècle. 16 Le royaume de Juda a disparu sous les coups de l'armée babylonienne (587), et avec lui un peuple bien visible, avec son territoire, son temple, son roi. L'exil se double d'un accablement spirituel : il est perçu comme jugement divin sur l'infidélité d'Israël. La foi est mise en question : Dieu n'a-t-il pas abandonné son peuple ? Les dieux des Nations (de Babylone) ne seraient-ils pas plus puissants que YHWH ? Désespérance à laquelle le prophète Ezéchiel a donné la parole dans sa vision des ossements desséchés : "nous sommes finis".

 

Et pourtant non ! Ce n'est pas fini. Voici le tournant perse qui va tout changer dans le Proche-Orient (549-539 : temps de la montée de Cyrus qui réunit sous son pouvoir les Mèdes et les Perses (= l'Iran actuel), qui s’avance jusqu'en pleine Asie Mineure (=Turquie de l'ouest); si rapide que ses pieds effleurent à peine le sol; il prend Babylone; il pratique une politique tolérante envers les nations opprimées par le pouvoir précédent. L'espérance du retour est ouverte aussi pour les Judéens en exil; encore faut-il y croire, le vouloir. C'est à leur infuser ce vouloir, cette foi, cette confiance que s'emploie un prophète, resté anonyme pour nous, et que, faute de mieux, nous appelons "le Prophète de la Consolation d'Israël", responsable de la 2ème partie du Livre d' Isaïe (40-55).

 

Il invite les exilés à relire leur histoire de peuple insignifiant ("vermisseau") au milieu des Nations, et pourtant peuple du seul vrai Dieu et sauveur; Dieu d'un peuple mais aussi de tous les peuples; c'est Lui qui mène l'histoire (ce n'est pas Cyrus), Lui qui se révèle comme le Seigneur de l'Histoire. Le discours de ce prophète est chaleureux, encourageant : peu de reproches, mais surtout des promesses, des assurances de salut ; il annonce un nouvel Exode, tellement inattendu, inouï, qu’il fera oublier le premier. "Consolez, consolez mon peuple". Israël a perdu son "procès", il n'a pas perdu sa vocation. Dans le salut inespéré qui l'attend, il sera au milieu des Nations le témoin de cet unique Dieu et Sauveur. C'est en s'appuyant sur cette œuvre de fidélité, d'amour et de puissance à l'égard de son peuple que YHWH pourra proclamer : "Tournez-vous vers Moi et soyez sauvées, vous, toutes les extrémités de la terre" (45, 25).

 

2. La figure du Serviteur

Dans les oracles qui gardent la mémoire de cette courte tranche de temps (une dizaine d'années), Israël est désigné plusieurs fois comme "le serviteur de YHWH":

"Toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j'ai choisi" (41, 8) ;

"toi que j'ai choisi, que j'ai appelé... je t'ai dit : tu es mon serviteur" (41, 9).

Ce "service" consiste dans un témoignage :

"C'est vous qui êtes mes témoins, oracle de YHWH, mon serviteur que j'ai choisi" (43, 10).

"Souviens-toi de cela, Jacob, et toi, Israël, car tu es mon serviteur.

Je t'ai façonné comme serviteur pour Moi" (44, 21).

 

Cette identification fréquente du Serviteur à Israël est claire. Mais dans cette même collection (Is 40-55), quatre "chants" parlent du Serviteur ou le font parler en lui donnant une qualification et une mission qui tranchent sur la figure collective d'Israël, tout en lui restant apparentée.

- 42, 1-7 : YHWH présente son Serviteur doté de son Esprit pour exposer le droit aux Nations; il sera "alliance du peuple".

 

16 C'était aussi le siècle de Confucius, de Bouddha, de Zarathoustra et d'Eschyle, le tragique grec. À

- 49, 1-6 : Le Serviteur dit son désarroi devant l'échec, mais s'entend donner une mission plus grande : ce serait trop peu pour lui de ramener Israël de l'Exil, il sera "la lumière des Nations".

- 50, 4–11 : Le Serviteur se dit exposé à la souffrance en raison de sa parfaite docilité à YHWH qui l'instruit ; mais il a confiance : il sera réhabilité.

- 52, 10 ; 53, 12 : le destin étonnant du Serviteur, abaissé, déconsidéré, jugé comme un criminel, une "sous-humanité", et pourtant c'était lui qui devait recevoir en partage les multitudes humaines pour les justifier.

 

Dans l'ensemble du livret d'Isaïe 40-55, le Serviteur-Israël est témoin, mais il est passif, il ne court pas le monde, il est témoin par le seul fait d'être sauvé par YHWH. Au contraire le Serviteur des quatre Chants est actif, il joue un rôle dans la libération de l'exil, il enseigne la Loi de YHWH, il est instrument de salut spirituel jusque par le don de sa vie ; il est "alliance du Peuple" (Israël) et "lumière des Nations". S'il a une mission envers Israël, ne se distingue-t-il pas d'Israël ? Il en fait partie et il s'en distingue. Il fait penser à "l'Israël qualitatif", au "Reste" converti et fidèle qui est chargé d’entraîner la masse du peuple, et, pourquoi pas ? A un individu en qui se réalise – ou plutôt se réalisera - hautement la vocation d'Israël, à la manière de Moïse aux origines, ou du Prophète de la Consolation lui-même dans le passé récent. En qui se réalise – ou plutôt se réalisera : en effet on parle de son action au futur. Il est plus une figure à remplir qu'un personnage identifiable, déjà vu et connu.

 

Et pourtant il ne faut jamais le disjoindre de son peuple, comme le suggère l'insertion finale de ces quatre Chants au cœur des autres oracles. Cette insertion suppose un va-et-vient entre la figure d'Israël et la figure du Serviteur. C'est un peu comme si l'on disait : mon Serviteur, c'est bien toi, Israël, mais c'est aussi quelqu'un de distinct, qui a une mission envers toi et même au-delà de toi ; c'est lui qui réalise – ou plutôt qui réalisera - ta vocation. L'Israël authentique, le véritable Israël "en qui je me glorifierai", c'est lui et tous ceux qui se rallieront à lui.

 

Israël persécuté pour sa fidélité à la Tôrah s'est reconnu dans la figure du Serviteur souffrant au milieu des Nations. L’Église chrétienne y lira l’itinéraire pascal de Jésus crucifié, donnant sa vie pour les multitudes. Les apôtres Paul et Barnabé n'hésiteront pas à identifier leur mission à celle du "Serviteur lumière des Nations" (Ac 13, 45). Si " le Serviteur" est une "figure à remplir", que les candidats n’hésitent pas ! Qu'ils sachent cependant que seul le Seigneur l'a élu et peut le désigner : "Voici mon Serviteur, que je soutiens, celui que j'ai choisi. J'ai mis sur lui mon Esprit" (Is 42, 1).

Nous proposons de consacrer deux séances de partage :

- l'une au 2ème Chant (49, 1-6) -

l'autre au 4ème Chant (52-53).

Contexte d'insertion du 2ème Chant du serviteur (nouvel Exode)

 

48 [20] Sortez de Babylone, fuyez de chez les Chaldéens, avec des cris de joie,

annoncez, proclamez ceci,

répandez-le jusqu'aux extrémités de la terre, dites : YHWH a racheté son serviteur Jacob.

[21] Ils n'ont pas eu soif quand il les menait dans les déserts,

 

il a fait couler pour eux l'eau du rocher, il a fendu le rocher et l'eau a jailli.

[Retour au contexte du 2ème Chant] (nouvel Exode)

[9b] Ils paîtront le long des chemins, / sur tous les monts chauves ils auront un pâturage.

[10] Ils n'auront plus faim ni soif, ils ne souffriront pas du vent brûlant ni du soleil,

car celui qui les prend en pitié les conduira, il les mènera vers les eaux jaillissantes.

[11] De toutes mes montagnes je ferai un chemin et mes routes seront relevées.

[12] Les voici, ils viennent de loin, ceux-ci du Nord et de l'Occident, et ceux-là du pays de Sînîm.

[13] Cieux, criez de joie, terre exulte, que les montagnes poussent des cris,

car YHWH a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés !

 

[22] Point de bonheur, dit YHWH, pour les méchants.

DEUXIEME CHANT (49,1-6)

 

[YHWH ]

[49] [1] Îles, écoutez-moi, / soyez attentifs, peuples lointains.

YHWH m'a appelé dès le sein maternel, / dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom.

[2] Il a fait de ma bouche une épée tranchante, / il m'a abrité à l'ombre de sa main.

Il a fait de moi une flèche acérée, / il m'a caché dans son carquois.

[3] Il m'a dit : "Tu es mon serviteur, Israël, / toi en qui je me glorifierai."

[MOI]

[4] Et moi, j'ai dit : "C'est en vain que j'ai peiné, / pour rien, pour du vent j'ai usé mes forces."

Et pourtant mon droit était avec YHWH / et mon salaire avec mon Dieu.

 

[YHWH]

[5] Et maintenant YHWH a parlé,

lui qui m'a modelé dès le sein de ma mère

pour ramener vers lui Jacob,

et qu'Israël lui soit réuni ;

- je serai glorifié aux yeux de YHWH,

pour être son serviteur, et mon Dieu a été ma force - ;

[6] il a dit :

"C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur

pour relever les tribus de Jacob

et ramener les survivants d'Israël.

Je fais de toi la lumière des nations

pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre".

 

[7] Ainsi parle YHWH, le rédempteur, le Saint d'Israël,

à celui dont l'âme est méprisée, honnie de la nation, à l'esclave des tyrans :

des rois verront et se lèveront, / des princes verront et se prosterneront,

à cause de YHWH qui est fidèle, /du Saint d'Israël qui t'a élu.

 

[8] Ainsi parle YHWH :

Au temps de la faveur je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai secouru.

[Je t'ai façonné et j'ai fait de toi l'alliance d'un peuple]

en relevant le pays, en restituant les héritages dévastés,

[9a] en disant aux captifs : "Sortez", / à ceux qui sont dans les ténèbres : "Montrez-vous".

 

DEUXIÈME CHANT DU SERVITEUR (49, 1-6)

"Alliance du Peuple, lumière des Nations"

 

FICHE POUR LES PARTICIPANTS

I - POUR LIRE

1. L'annonce du retour merveilleux de l'Exil 17

 

Le 2ème Chant surgit au cœur de l'annonce du chemin merveilleux par lequel YHWH s'apprête à ramener son peuple de l'Exil. Ce sera une nouvelle création, un nouvel Exode tellement extraordinaire qu'il fera pâlir le souvenir du premier ; et c'est un "événement" qu'il faudra proclamer à la face de l'univers :

 

 

"Sortez de Babylone, fuyez d'entre les Chaldéens !

Avec des cris de joie, annoncez-le, faites-le entendre :

propagez-le jusqu'aux extrémités de la terre,

dites : YHWH a assuré la rédemption de Jacob, son serviteur !

Ils n'auront pas soif dans les lieux desséchés où il les conduira ;

il fera jaillir pour eux l'eau du rocher, il fendra le rocher, et l'eau

coulera". (48, 20-21).

 

Responsable des ch. 40-55 du livre d'Isaïe (= le Second Isaïe).

Il assiste aux victoires fulgurantes de Cyrus le Perse sur les Mèdes (Iran 550), puis sur Crésus ( Asie Mineure,

546) avant guerre-éclair de 15 jours pour prendre Babylone (26 /09- 12/10/ 539) .

Il annonce la ruine de Babylone, il invite les exilés Judéens à croire à la possibilité de revenir à Jérusalem

- ce que permettra

l'édit de Cyrus en 538.

 

C'est là que s'insère le 2ème Chant (49, 1-6) : il semble répondre à la demande qui vient d'être faite au sujet de la rédemption par YHWH de "Jacob son serviteur": il faut la proclamer jusqu'aux extrémités de la terre. Effectivement quelqu'un, qui est désigné avec insistance par YHWH comme "mon Serviteur" (49, 3, 5, 6) a quelque chose à proclamer "aux îles lointaines" (49, 1) et reçoit une mission en direction "des extrémités de la terre" (49, 6). Mais c'est en réponse à l'expression d'une déception : n'a-t-il pas peiné en vain ? Il avait donc eu besoin de réconfort ; il fallait que lui soit réaffirmée sa vocation. Et elle est réévaluée : "c'est trop peu que tu sois mon serviteur pour ramener les tribus d'Israël, je ferai de toi la lumière des Nations".

Ce Chant est suivi de deux courts oracles qui lui sont apparentés (49, 7 et 49, 8-9a) ; le premier, très court (v.7), évoque une réhabilitation après un temps de mépris ; le second (v.8-9a) revient au rôle du Serviteur envers le peuple à délivrer de la captivité, il sera "l'alliance d'un Peuple" (Israël) (49, 8).

 

 

Puis le déroulement du chemin merveilleux du retour d'Exil, qui avait été interrompu en 48, 21, reprend son cours en 49, 9b-12 :

"Ils n'endureront ni faim ni soif ;

jamais ne les abattront ni la brûlure du sable, ni celle du soleil ;

car celui qui est plein de tendresse pour eux les conduira,

et vers les nappes d'eau les mènera se rafraîchir" (49, 10-11).

La perspective du retour s'élargit alors aux quatre coins du monde (49, 12) et se conclut par une invitation à l'univers (terre et ciel) à exulter de joie : "car le Seigneur console son peuple, il a compassion de ses pauvres"(49, 13).

 

2. Une mise en question

 

En prenant place dans cette séquence, notre "Deuxième Chant"(49, 1-6) fait entendre une interrogation, sinon un doute, sur le bien-fondé de cette annonce merveilleuse du salut d'Israël. On dirait que c'est moins évident que ne le faisait entendre la tonalité générale du livre de la "Consolation d'Israël" (prophétie enthousiaste; appels répétés à "ne pas craindre"). C'est comme si ce qui était annoncé ne s'était pas si bien réalisé.

 

17 Suivez cette explication avec le texte biblique sous les yeux tel qu'il est présenté dans la fiche.

Nous sommes habitués par notre histoire aux moments d'espérance et d'enthousiasme suscités par un changement que l'on n'escomptait plus, mais suivis à leur tour par des moments de déception et de découragement, voire de renoncement à l'engagement de soi. Mais cette épreuve peut donner lieu aussi à une purification de l'espérance et à une nouvelle intelligence de la vocation reçue. C'est ce qui se passe ici : le Serviteur a besoin d'une seconde vocation pour accomplir une tâche qui le dépasse absolument ; l'épreuve l'amène à reconsidérer l'ampleur de sa vocation, non pas pour se désister, mais pour s'adonner avec plus de confiance au service du Dieu qui l'a choisi.

3. Une relecture (de l'individu à la collectivité)

 

Ce questionnement et ce rétablissement représentent la réalité d'une épreuve pendant, et plus encore après, le retour de l'Exil. Si cela fut l’expérience d'un Serviteur de Dieu particulièrement qualifié, elle pouvait représenter aussi celle d'Israël, soumis à bien des avatars dans son histoire, même après le retour de l'Exil de Babylone. Et c'est sans doute la raison pour laquelle ce Chant a été inséré dans une séquence qui concernait Israël dans son ensemble ("mon serviteur Jacob", 48, 20). Pour cette raison la rédaction finale du Deuxième Chant y a introduit le mot "Israël" en apposition à "mon Serviteur" : "Tu es mon Serviteur, Israël, en qui je me glorifierai" (49, 3), au risque de produire une incohérence, puisqu'avec cette addition, c'est Israël qui reçoit une mission envers Israël (49, 5-6). Mais la logique d'une relecture passe par-dessus les heurts littéraires.

 

Structure du texte encadré (49, 1-6)

 

Le Serviteur s'adresse aux "Iles" et aux "peuples lointains" c’est-à-dire au monde des Nations, parce que, si sa plainte est personnelle et intime, elle exprime aussi l'enjeu de sa vocation pour toute l'humanité. La mention des "lointains" et des "extrémités" encadre cette courte séquence (v.1 et 6). Trois prises de parole la structurent :

 

A - "Il m'a dit" (v.3) qui reprend "YHWH m'a appelé",

"il a prononcé mon nom" (1d)

B - "et moi j'ai dit" (v.4)

A'- "mais maintenant YHWH a parlé (v.5)...il a dit "(v.6)

 

Ce que YHWH a dit à l'origine semble démenti par la réalité de l'histoire suivante. Pourtant YHWH maintient sa parole originelle et il en précise la portée.

II - ET MAINTENANT AU TEXTE

A- La parole prophétique au sein d’Israël

1) Le contexte

Nous allons étudier surtout la partie du texte qui est encadrée 49, 1-6. Ce "chant" est inséré dans un texte plus ancien 48, 20-21, qui se poursuit en 49, 9b-13, que nous relisons dans sa continuité.

- Quel contraste remarquez-vous entre la description du retour de l’Exil qui encadre le chant et le chant lui-même ? Qui parle ?

- A qui s'adresse t-Il, dans quelles circonstances ?

- Le texte rappelle d'autres passages importants de l'A.T. Lesquels ? Où ?

Il s'agit donc d'un nouvel exode: Quelles différences ?

 

2) Le Chant lui-même

- Qui parle ?

- A qui s'adresse t-Il ? Et au-delà ? (rapprochez les premiers mots 49, 1 et les derniers 49, 6b).

- Quelle ouverture percevons-nous ?

3) Qui YHWH appelle t-Il pour accomplir cette mission? Pour quel combat ? Quelles sont ses armes ? Cherchez dans tout le texte ce qui le qualifie.

- v.4 Qu’est-ce que le serviteur dit de lui-même quand il parle de sa vocation ? Comment dit-il sa déception au sujet de cette même vocation ?

- v.5-6 Comment YHWH lui confirme t-Il son appel, en lui révélant le sens de sa mission (plus large que ce qu'il avait d'abord compris) ? Quel dépassement lui fait faire la réponse de Dieu ?

- Qu'est-ce que le contexte apporte à ce que dit le texte ?

B - La prophétie au miroir de l’Evangile

Une "figure" à remplir:

1) Qui incarne ce "serviteur" dans le N.T ?

 

Jésus comme individu ? ou Jésus comme Tête d'un corps (un peuple)...

dont nous sommes...

 

2) Un serviteur passif (qui reçoit des consignes) devient actif (il témoigne). Jésus ne fait pas tout seul, il met les autres au travail.

Voir par ailleurs: "Lumière des Nations" (Lc 2, 29-32) Syméon ; (Ac 7, 55-60) Etienne ; Ac 13 ; Ac 26.

 

C – Actualisation

 

1) Etre sauvé: de quoi ? par quelles armes (49, 2-3) ?

 

  1. Nos doutes devant la lenteur de l'histoire du Salut...

 

Et nous : comment avons-nous été appelés pour un petit service... Qui nous a formés et qualifiés pour en faire toujours davantage ?

III - PISTES POUR LA PRIÈRE

- Cantique de Syméon (Lc 2)

 

28 Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :

29 "Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu ton salut,

31 que tu as préparé à la face de tous les peuples :

32 lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple".

 

- Cantique : Écoute la voix du Seigneur (A 548)

 

Écoute la voix du Seigneur.

Prête l’oreille de ton cœur.

Qui que tu sois ton Dieu t’appelle.

Qui que tu sois il est ton Père.

 

R. Toi qui aimes la vie, ô toi qui veux le bonheur,

Réponds en fidèle ouvrier de sa très douce volonté.

Réponds en fidèle ouvrier de l’évangile et de sa paix. À l'écoute des Prophètes 89

 

Écoute la voix du Seigneur.

Prête l’oreille de ton cœur.

Tu entendras que Dieu t’appelle.

Tu entendras l’esprit d’audace.

 

Écoute la voix du Seigneur.

Prête l’oreille de ton cœur.

Qui que tu sois fais-toi violence.

Qui que tu sois rejoins ton frère.

 

- Notre Père

 

- Oraison

Un jour nouveau éclaire Syméon. Il voit de ses yeux le Sauveur, il l'annonce à toutes les Nations :

" Lumière du Christ, Lumière née de la Lumière, Joie éternelle dans nos cœurs, nous t'acclamons."

FICHE POUR LES ANIMATEURS

 

IV - CLÉS DE LECTURE

 

A. "Il m'a dit" : la parole d'une vocation (v. 1b-3)

1. L'élection

Le Serviteur a été "appelé", il a été l'objet du choix divin dès le sein maternel, donc avant toute action antécédente, sans mérite humain, dans une pure gratuité; appartenance depuis toujours à YHWH, dès l'origine, comme Jérémie (Jr 1, 5) et comme Israël que YHWH a pris en charge dès le ventre de sa mère (lire Is 44, 2-24 ; 46, 3).

 

"Il a mentionné mon nom" : le nom par lequel l'appel divin suscite une personne à la fois dans l'existence et dans une vocation. Le verbe hébreu évoque l'acte du "mémorial" : YHWH "s'est souvenu" et il se souvient encore de moi.

 

2. L'arme d'un combat

YHWH l'a disposé à être l'instrument de son œuvre. Cela est dit sous la figure de "la bouche" comparée à "une épée tranchante", à "une flèche aiguisée". Quelle est la portée de ces images ?

 

- YHWH est souvent comparé à un guerrier dont l'arc ou les flèches sont redoutables 18 . Il mène ce combat contre des nations ou des individus, éventuellement contre son peuple. Différence ici : en Is 49, l'armure divine n'est pas destructrice des peuples, puisque le Serviteur est destiné à devenir leur salut (49, 6). Mais il devra mener un combat contre ce qui asservit son peuple et l'humanité (l'idolâtrie, l’injustice, la violence).

 

- Le combat divin dont le Serviteur sera l'instrument s'apparente à la mission prophétique : son arme, c'est la Parole de Dieu en sa bouche 19 "Car la parole de Dieu est vivante, agissante, plus acérée qu'un glaive à double tranchant ; elle pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit" (He 4, 12). L'image met l'accent sur la perfection de cette arme (épée tranchante, flèche aiguisée), et sur le fait que jusqu'à présent personne ne l'a encore jamais vue : elle est restée cachée dans l'ombre de la main de YHWH. Le Serviteur est donc l'arme secrète et absolue de YHWH, protégé en même temps que caché, tenu en réserve.

 

Tous ces traits qui s’entendent bien d'un individu appelé au service de Dieu ne sont pas sans l'apparenter à Israël: lui aussi a été formé, choisi, appelé dès le sein maternel,(Is 44, 2-24; 46, 3) ; à lui aussi Dieu a remis sa Parole et lui aussi il le tient caché comme instrument de son dessein : "J'ai mis mes paroles dans ta bouche ; à l'ombre de ma main je t'ai cachée (Is 51, 16 adressé à Sion). La dispersion de l'Exil le cache aux yeux du monde ; mais c'est d'abord en Dieu qu'il est caché en vue de la mission pour laquelle Il l'a appelé " dès le ventre de sa mère".

 

3. Le véritable Israël

Au sommet de cette parole d'élection vient la déclaration : "Tu es mon Serviteur, Israël". Cette mention d'Israël, apposée à " mon Serviteur ", justifie les tenants de l'interprétation collective des Chants du Serviteur ; mais elle les embarrasse aussi, car comment Israël peut-il avoir une mission envers Israël (49, 5-6)? Le Serviteur paraît distinct d'Israël (il a une fonction envers lui) ; et pourtant il est désigné comme " Israël ". La difficulté provient sans doute de ce qu'un texte écrit au sujet du Serviteur-individu a été réécrit et relu en fonction du Serviteur-Israël.

 

Mais tel quel il fait sens. " Israël "résonne plus ici comme un qualificatif que comme une désignation. On peut le lire d'un seul tenant avec la proposition relative qui lui est accrochée (mettons des tirets pour le faire sentir) : Tu es mon Serviteur, Israël-en-qui-je-me-glorifierai. Ce qui caractérise Israël est d'être le lieu de la révélation de la gloire divine dans le monde. Eh bien ! Cela convient parfaitement à ce Serviteur (individu ou " petit Reste "). Un peu comme Jésus dira plus tard : la Vigne véritable, celle dont mon Père est le vigneron, celle qui porte du fruit pour sa gloire, c'est Moi "(Jn 15, 1ss). C'est une sorte de revendication. De toutes manières la vocation du

 

18 Ex 15, 1 ; Ez 5, 16 ; Jb 6, 4 ; La 3, 12 ; Dt 32, 23, 41-42.

19 Os 6, 5 ; cf. Ap 1, 16 ; He 4, 12 ; Ep 6, 17. À l'écoute des Prophètes 91

Serviteur comme celle d'Israël est d'être cette portion d'humanité en laquelle YHWH manifestera sa Gloire. Le Serviteur, soit comme Reste fidèle, soit comme individu spécialement choisi par Dieu, assume pleinement cette vocation : c'est en Lui qu'elle se réalisera ; c'est à ce titre qu'il est "Israël", le véritable Israël.

 

B. " Mais moi je disais " : parole de contestation (v.4)

 

1. Il y a deux mouvements

- Dans un premier temps il est amené à en contester le résultat (sinon la réalité) : "je me suis fatigué en vain, j'ai usé ma force pour rien (tohu), pour du vent" (ou de la fumée : hébél). - Dans un second temps il fait le rétablissement de la foi : "en réalité mon droit subsistait aux yeux de YHWH".

 

2. Un échec ?

A quoi font allusion cette fatigue et cette usure des forces pour rien ? Là aussi la situation peut correspondre à celle d'un individu comme à celle d'une communauté :

- Plainte d'un individu : il aurait essayé en vain d'accomplir la tâche confiée, par exemple de ramener Israël de l'exil. Devant les difficultés et les oppositions (petit nombre des Judéens décidés à revenir, opposition samaritaine au moment du retour, etc. ...), il serait alors tenté de se désister. YHWH réagirait en lui disant: prends conscience que ta cause est l'objet de toute mon attention... et j'attends de toi encore bien davantage... (dépassement par le haut, comme dans les "confessions de Jérémie").

- Plainte d'un peuple infidèle : sa situation de peuple perdu et obscur paraît démentir la vocation glorieuse que la parole de YHWH lui assigne : il s'est fatigué pour rien à servir YHWH, à être son peuple dans l'histoire (40, 27 ; 41, 8-11 ; 49, 14) ?

 

3. Mise au point

Aussitôt émise, la parole de contestation est contrebalancée par une mise au point : en réalité le Serviteur reconnaît qu'il avait auprès du Seigneur quelqu'un qui prenait fait et cause pour lui, qui lui réservait la "récompense" de son service :

- "Mon droit m'attendait auprès de YHWH" : langage classique du "procès" quand il s'agit de dire qui est coupable, qui ne l'est pas. Cela peut évoquer la situation d'Israël en exil; il n'est pas reconnu pour ce qu'il est, pour ce qu'il vaut ; il attend sa réhabilitation devant les Nations.

- Mais ce langage du procès se retrouve, très appuyé, dans le troisième Chant du Serviteur (50, 8) sous des traits fortement individualisés. "Mon salaire" (ou "ma récompense") = le fruit du service de Dieu selon sa vocation ; cela peut convenir à un individu.

 

A'. "YHWH persiste et signe" : réaffirmation d'une vocation (v. 5-6)

 

Non seulement l'échec momentané et apparent du Serviteur ne doit pas le décourager, mais il est l'occasion que prend YHWH pour lui révéler l'ampleur insoupçonnée de sa vocation. La tâche qui lui est confiée concerne à la fois Israël et les Nations. Mais la première est subordonnée à la seconde. Regardons de près comment le discours est construit, comment il avance :

1. "Et maintenant YHWH a parlé"

Le texte insiste d'abord sur l'événement de sa prise de parole : devant cette situation éprouvante il s'est engagé de nouveau. À l'écoute des Prophètes 93

 

2. "Lui qui m'a façonné ..."

Ensuite, avant de faire entendre sa parole, on prend longuement (v.5) le temps de le qualifier ("lui qui..."), pour mettre en relief ce paradoxe : c'est celui-là même qui s'est formé un serviteur pour se ramener Israël qui va lui déclarer : c'est trop peu, je fais de toi la lumière des Nations. Autrement dit : je me croyais façonné pour Israël et je suis en réalité destiné aux Nations ; mais ce n'est pas contradictoire, il fallait que mon service passe par Israël pour atteindre les Nations ; mais c'est bien ce salut des Nations qui était premièrement et ultimement visé.

 

- "Lui qui m'a façonné dès le ventre (maternel) comme serviteur pour Lui, pour ramener Jacob vers Lui et Lui rassembler Israël". Il se formait le Serviteur avant sa naissance en vue du retour de l'Exil comme retour à Lui-même, pas seulement à la terre 20 ; double insistance : serviteur "pour lui" ; ramener Jacob "vers lui".

 

- Et il voulait le glorifier par ce service ; il le fera effectivement :" j'ai du prix (du poids) à ses yeux et mon Dieu est ma force".

 

- Après cette longue périphrase, surchargée de considérations, on pourrait s'attendre, par exemple, à l'annonce de la réussite d'une mission à l'égard d’Israël, qui jusqu'à présent a tardé à se réaliser vraiment ("je me suis fatigué pour rien"). Eh bien ! Non, on va entendre tout autre chose...

 

3. Et il a dit : "la lumière des Nations" (v.6)

Enfin on va savoir ce qu'il a dit (reprise au v.6 de cette parole qui était annoncée au v.5 : "et maintenant YHWH a parlé") :

 

"C'est trop peu d'être mon Serviteur

pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël

Je vais faire de toi la lumière des Nations

pour que mon salut atteigne les extrémités de la terre".

 

"C'est trop peu" : le choix du Serviteur ne peut pas concerner seulement Israël. Il vise le salut de toute l'humanité. Cette conception du rôle du Serviteur est en harmonie avec l'ensemble du livret d'Is 40-55, quand on y exprimait le service d'Israël, serviteur et témoin de

 

Dieu au milieu des Nations (43, 10) : être dans son destin de peuple sauvé de l'Exil le témoin que son Dieu est Dieu, qu'il est l'unique Dieu et Sauveur, capable de les sauver elles aussi si elles se tournent vers Lui (45, 25) . Mais on aurait pu avoir l'impression que le salut des Nations n'était qu'une offre secondaire et postérieure au salut d'Israël : puisque en Israël je me suis révélé comme l'unique Dieu et Sauveur, profitez-en vous aussi, si vous voulez bien.

 

Puisqu'il y a un tel enjeu, universaliste, la mission du Serviteur envers Israël ne saurait tourner court. Le Serviteur de ce 2ème Chant se posait la question : se fatiguer pour quoi ? YHWH répond : Serviteur pour qui ? Tu attendais d'être glorifié/d'avoir du poids/par un service de libération de l'Exil ; je veux, moi YHWH, être glorifié comme Sauveur du monde. C'est pour cela que d'emblée (pas seulement après coup) je t'ai pris et formé à mon service en cette première réalisation (le retour de l'exil) qui n'est qu'une étape. En-deçà, ce serait "trop peu".

 

4. La lumière (49, 6)

Ce rôle à l'égard des Nations est exprimé par le symbole de la lumière : elle évoque la réalité du salut (bonheur, vie) ; mais aussi celle de la révélation, de l'illumination de la conscience religieuse des peuples. Cela était déjà formulé dans le Premier Chant (42, 6) : le Serviteur serait la lumière des Nations en leur révélant la véritable religion (la "Tôrah"42, 4). De ce salut et de cette révélation, le Serviteur est l'instrument, car il reste "mon salut", c'est-à-dire celui de YHWH. Il est cependant intéressant de noter le lien entre cette lumière et ce salut et la personne du Serviteur.

 

5. L'alliance du Peuple (49, 8)

Dans le Premier Chant (42, 1-9), le Serviteur était à la fois "l'alliance du peuple" (Israël) et "la lumière des Nations" (42, 6). Dans le Deuxième Chant tel que nous l'avons lu (limité à 49, 1-6), l'insistance était mise sur "la lumière des Nations", ce qui était très révélateur de la visée universaliste finale en ne reprenant pas toute la formule de 42, 6 : "alliance du peuple et lumière des Nations", mais seulement "lumière des Nations". Le complément du 2ème court oracle qui suit

 

20 L'aspect temporel n'est pas éliminé : "relever les tribus de Jacob, ramener les survivants d'Israël" ; impossible de songer à une restauration purement spirituelle (pas plus que chez Jérémie 31 et Ezéchiel 36 qui unissent peuple et terre) ; le second oracle qui a été annexé au 2ème Chant (49, 8) parle aussi de "faire hériter les héritages dévastés" et de la libération des prisonniers ; mais l'aspect religieux est bien marqué par l'insistance sur le fait que le retour et le rassemblement est un retour à Lui, YHWH, et un rassemblement pour Lui. Ce langage exprime la conversion

le Deuxième Chant (49, 8-9a) revient au rôle que doit jouer le Serviteur envers Israël : "alliance du Peuple" (49, 8). Cette formule est pratiquement unique dans la Bible pour le lien qu'elle établit entre le peuple et une personne, médiatrice d'alliance entre Dieu et son peuple. Déjà Moïse avait joué un rôle en ce sens ; mais les Chants du Serviteur vont encore plus loin dans cette personnalisation de l'Alliance. C'est cette personnalisation que portera à son comble le rôle du Christ Jésus :"cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang" (Lc 22, 20).

N.T.

- Dans l' Évangile de l'enfance de Lc 2, 32, Syméon confesse Jésus comme "celui que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation des Nations et gloire de ton peuple Israël".

- En Ac 26, 23, c'est le Christ ressuscité dont Paul dit qu' "Il annoncerait la lumière au Peuple et aux Nations" ; selon Lc 24, 46-47, référence est faite aux Ecritures : "Le Christ souffrirait, ressusciterait et la conversion serait proclamé en son Nom pour le pardon des péchés à toutes les Nations, à commencer par Jérusalem".

- En faisant référence au chemin de Damas (Ga 1, 15ss), Paul interprète son appel comme apôtre des Nations, "mis à part pour cela dès le sein de sa mère, en pure gratuité", à la lumière du Serviteur du 2ème Chant.

- Dans le récit de mission d'Ac 13, 47 Paul et Barnabé prennent à leur compte la mission du Serviteur d'être la lumière des Nations. 

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